Page:Gibbon - Histoire de la décadence et de la chute de l'Empire romain, traduction Guizot, tome 8.djvu/390

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campemens séparés des Romains offrirent au monarque de Perse une occasion de se venger : il fondit avec impétuosité sur un de leurs camps qu’il enleva ; mais l’examen de ses pertes et le sentiment du danger le déterminèrent à une retraite prompte ; il brûla sur sa route la ville de Mélitène qu’il trouva déserte, et sans s’inquiéter des moyens de faire passer ses troupes, traversa hardiment l’Euphrate à la nage sur le dos d’un éléphant. Après cette entreprise malheureuse, le défaut de magasins, et peut-être quelque incursion des Turcs l’obligèrent à licencier ou à diviser ses forces : les Romains demeurèrent maîtres de la campagne : Justinien, leur général, s’avança au secours des rebelles de la Persarménie et arbora son drapeau sur les rives de l’Araxe. Le grand Pompée s’était arrêté jadis à trois journées de la mer Caspienne[1] ; une escadre ennemie[2]

  1. Pompée avait vaincu les Albaniens entrés en campagne, au nombre de douze mille cavaliers et soixante mille fantassins ; mais il fut arrêté par l’opinion unanime que ce pays renfermait une multitude de reptiles venimeux, dont l’existence est cependant fort douteuse, ainsi que celle des Amazones, qu’on plaçait dans le voisinage. (Plutarque, Vie de Pompée, t. II, p. 1165, 1166.)
  2. Je ne trouve dans les Annales de l’Histoire que deux escadres qui aient paru sur la mer Caspienne : 1o. celle des Macédoniens, lorsque Patrocle, amiral de Seleucus et d’Antiochus, roi de Syrie, arriva des frontières de l’Inde, après avoir descendu une rivière, qui est vraisemblablement l’Oxus. (Pline, Hist. nat., VI, 21.) 2o. Celle des Russes, lorsque Pierre-le-Grand conduisit une escadre et une armée