Page:Gibbon - Histoire de la décadence et de la chute de l'Empire romain, traduction Guizot, tome 8.djvu/424

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

cipitées aux environs de Constantinople. [Élection de Phocas. A. D. 602. Octobre.]Les désordres militaires du troisième siècle recommencèrent après un grand nombre de successions autorisées par les lois mais la nouveauté de l’entreprise étonna leur audace. Elles balancèrent à revêtir de la pourpre l’objet de leur choix ; et tandis qu’elles rejetaient toute espèce de négociation avec Maurice, elles entretenaient une correspondance amicale avec Théodose son fils, et avec Germanus, beau-père du jeune prince. Telle était l’obscurité de Phocas, que l’empereur ignorait le nom et le caractère de son rival ; mais dès qu’il apprit que le centurion, audacieux au milieu des soulèvemens, se montrait timide dans les dangers : « Hélas ! s’écria le prince découragé, si c’est un lâche, ce sera sûrement un assassin. »

Révolte de Constantinople.

Cependant si Constantinople était demeurée fidèle, Phocas aurait épuisé sa fureur contre les murs de cette place, et la sagesse de l’empereur aurait détruit ou ramené peu à peu l’armée des rebelles. Maurice, au milieu des jeux du cirque qu’il eut soin de renouveler avec une pompe extraordinaire, cacha l’inquiétude de son cœur par des sourires de confiance ; il daigna solliciter les applaudissemens des factions, et flatta leur orgueil en recevant, de leurs tribuns respectifs, une liste de neuf cents Bleus et de quinze cents Verts, qu’il parut estimer comme les fermes appuis de son trône. Leurs efforts perfides ou languissans montrèrent sa faiblesse et précipitèrent sa chute. Les Verts étaient d’intelligence avec les rebelles, et les Bleus recommandaient la douceur et la modé-