Page:Gibbon - Histoire de la décadence et de la chute de l'Empire romain, traduction Guizot, tome 8.djvu/452

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frais de la guerre, et réclama pour cet objet la bienveillance des provinces de l’Orient ; mais les sources du revenu étaient taries, et le crédit d’un monarque absolu se trouvant anéanti par son pouvoir, Héraclius eut d’abord à montrer son courage dans la demande qu’il osa faire d’emprunter les richesses des églises, après avoir juré solennellement de rendre avec usure tout ce qu’il serait obligé d’employer au service de la religion et de l’empire. Il paraît que le clergé lui-même se prêta à la misère publique ; l’habile patriarche d’Alexandrie, qui ne voulait pas permettre un arrangement sacrilége dont on abuserait dans la suite, assista son souverain d’un trésor caché, qu’il avait connu sans doute d’une manière miraculeuse[1]. De tous les soldats complices de Phocas, deux seulement avaient résisté aux coups du temps et au glaive des Barbares[2] : les nouvelles levées

    vicissitude ; et je me souviens d’une histoire de Khosrou Parviz, qui diffère peu de celle de l’anneau de Polycrate de Samos.

  1. Baronius raconte gravement cette découverte, ou plutôt cette transmutation de plusieurs barils de miel en un baril d’or. (Annal. ecclés., A. D. 620, no 3, etc.) Cependant le prêt fut arbitraire, puisqu’il fut levé par des soldats, auxquels on ordonna de ne laisser au patriarche d’Alexandrie que deux cents marcs d’or. Deux siècles après, Nicéphore (p. 11) parle avec humeur de cette contribution dont l’église de Constantinople pouvait se ressentir encore.
  2. Théophylacte Simocatta, l. VIII, c. 12. Ce fait ne doit pas étonner ; même durant la paix, les soldats d’un régiment se renouvellent en entier en moins de vingt ou vingt-cinq ans.