Page:Gibbon - Histoire de la décadence et de la chute de l'Empire romain, traduction Guizot, tome 8.djvu/463

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bien combinée de marches, de retraites et de combats heureux, il leur fit abandonner la campagne et les relégua dans les villes fortifiées de l’Assyrie et de la Médie. Sarabaze, qui occupait Salban, se croyait au milieu de l’hiver en sûreté dans les murs de cette ville ; il fut surpris par l’activité d’Héraclius, qui divisa ses troupes, et dans le silence de la nuit, exécuta une marche laborieuse. La garnison défendit avec une valeur inutile, contre les dards et les torches des assiégeans, les terrasses aplaties qui surmontaient les maisons. Les satrapes et les nobles de la Perse, leurs femmes, leurs enfans et la fleur de leur jeunesse, tombèrent sous le glaive ou au pouvoir des vainqueurs. Une fuite précipitée sauva le général ; mais son armure d’or fut le prix du conquérant ; et les soldats d’Héraclius jouirent des richesses et du repos qu’ils avaient si bien mérités. Au retour du printemps, l’empereur traversa en sept jours les montagnes du Curdistan, et passa sans obstacle le rapide courant du Tigre. L’armée romaine, embarrassée du butin et des captifs qu’elle traînait à sa suite, s’arrêta sous les murs d’Amida, et Héraclius apprit au sénat de Constantinople qu’il était vivant et vainqueur, ce que cette ville avait déjà si heureusement senti par la retraite des assiégeans. Les Persans détruisirent les ponts de l’Euphrate ; mais dès que l’empereur eut découvert un gué, ils se retirèrent à la hâte pour défendre les bords du Sarus[1], rivière de la Cilicie dont le cours forme

  1. L’armée du jeune Cyrus passa le Sarus, large de trois