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les habitans de la Colchide ont toujours montré de l’audace et de l’intrépidité. Ils servaient à pied dans l’armée de Xerxès ; ils portaient une dague et une javeline, un casque de bois, et un bouclier de peaux non préparées ; mais leurs troupes sont presque toutes composées de cavalerie. Le dernier des paysans dédaigne de marcher à pied ; les nobles ont communément deux cents chevaux, et le prince de la Mingrélie en possède plus de cinq mille. La Colchide a toujours été un royaume héréditaire ; et l’autorité du souverain n’est contenue que par la turbulence de ses sujets. S’ils lui étaient soumis, il pourrait mettre en campagne une armée nombreuse ; mais il est difficile de croire que la seule tribu des Suaniens fût composée de deux cent mille soldats, ou que la population de la Mingrélie soit aujourd’hui de quatre millions de personnes[1].

Révolutions de la Colchide.

Les habitans de la Colchide se vantaient jadis d’avoir mis un terme aux conquêtes de Sésostris ; et la défaite de ce roi d’Égypte est moins incroyable que sa marche toujours heureuse jusqu’au pied du Caucase. Ils cédèrent sans aucun effort mémorable aux armes de Cyrus ; ils suivirent, dans des guerres éloignées, le drapeau du grand roi, et ils lui offraient, tous les cinq ans, un tribut de cent jeunes

  1. Strabon, l. XI, p. 765 ; Lamberti, Relation de la Mingrélie. Au reste, il ne faut pas donner dans une extrémité opposée, en supposant avec Chardin que vingt mille habitans peuvent fournir à une exportation annuelle de douze mille esclaves ; absurdité indigne de ce judicieux voyageur.