Page:Gibbon - Histoire de la décadence et de la chute de l'Empire romain, traduction Guizot, tome 8.djvu/73

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garçons et d’autant de jeunes filles, le plus beau produit du pays[1]. [Sous les Perses, avant J.-C. 500.]Cependant il recevait ce don comme l’or et l’ébène de l’Inde, l’encens des Arabes, ou les Nègres et l’ivoire de l’Éthiopie. Les habitans de la Colchide n’étaient pas soumis à la domination d’un Satrape ; et ils continuèrent à se regarder comme indépendans et à l’être en effet[2]. Après la chute de l’empire de Perse, Mithridate, roi de Pont, ajouta la Colchide à ses vastes domaines sur l’Euxin. Lorsque les naturels osèrent demander que son fils régnât sur eux, il fit charger de chaînes d’or ce jeune ambitieux ; et un de ses serviteurs alla gouverner la Colchide à sa place. [Sous les Romains, avant J.-C. 60.]Les Romains, en poursuivant Mithridate, s’avancèrent jusqu’aux bords du Phase, et leurs galères remontèrent cette rivière jusqu’au moment où ils atteignirent le camp de Pompée et ses légions[3] ; mais le sénat et ensuite les empereurs dédaignèrent de réduire en province romaine ce

  1. Hérodote, l. III, c. 97. Voyez dans le livre VII, c. 79, leur service et leurs exploits durant l’expédition de Xerxès contre les Grecs.
  2. Xénophon, qui avait combattu les habitans de la Colchide durant sa retraite (Retraite des dix mille, l. IV, p. 320, 343, 348, édit. de Hutchinson ; et Forster, Dissert., p. 53-58, in Spelman's english Version, vol. II), les appelle αυτονομοι avant la conquête de Mithridate, Appien les nommait εθνος αρειμανες. (De bell. Mithridat., l. XV, t. I, p. 661, de la dernière édition, qui est la meilleure, par Jean Schweighæuser. Leipzig, 1785, 3 vol. gros in-8o.)
  3. Appien (De bell. Mith.) et Plut. (in vit. Pomp.) parlent de la conquête de la Colchide par Mithridate et Pompée.