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ils eurent beaucoup à souffrir des passions naturelles et religieuses des Arabes : ceux-ci profanèrent quelques églises, prirent quelquefois pour des idoles les reliques et les images. On passa des rebelles au fil de l’épée ; une ville située entre Cordoue et Séville, et dont le nom n’est pas venu jusqu’à nous, fut rasée jusqu’aux fondemens. Cependant, si l’on compare ces violences à celles qui se commirent lors de l’invasion de l’Espagne par les Goths, ou à ce qu’on vit lorsque les rois de Castille et de l’Aragon la reprirent, on donnera des éloges à la modération et à la discipline des Arabes.

Disgrâce de Musa. A. D. 714.

Musa était âgé, bien que pour déguiser sa vieillesse, il cachât sous une poudre rouge la blancheur de sa barbe ; mais l’activité et l’amour de la gloire échauffait encore son cœur de toute l’effervescence de la jeunesse. Ne voyant dans la possession de l’Espagne qu’un premier pas à la conquête de l’Europe, après avoir préparé sur terre et sur mer un puissant armement, il se disposait à traverser de nouveau les

    Goths et les Romains du territoire de Coimbre en Portugal. La contribution des églises y est fixée à vingt-cinq livres d’or, celle des monastères à cinquante, celle des cathédrales à cent. On y déclare que les chrétiens seront jugés par leur comte, mais que dans les affaires capitales, il sera obligé de consulter l’alcade ; que les portes de l’église doivent être fermées, et que les chrétiens doivent respecter le nom de Mahomet. Il faudrait voir sur l’original si, comme on l’a dit, on a fabriqué cette pièce pour assurer les immunités d’un couvent de l’Espagne.