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peine à trouver son corps profondément enfoncé dans le limon. La vue de sa tête, élevée au haut d’une pique, assura le peuple de sa délivrance. À ce spectacle, les Romains reçurent avec les acclamations de la fidélité et de la reconnaissance, l’heureux Constantin, qui avait ainsi terminé, par ses talens et par sa valeur, l’entreprise la plus éclatante de sa vie[1].

Sa réception.

Si la clémence de ce prince après sa victoire ne mérite point d’éloges, on ne saurait non plus lui reprocher une rigueur excessive[2]. Il fit aux vaincus le même traitement que sa personne et sa famille auraient éprouvé s’il eût été défait. Les deux fils de Maxence furent mis à mort, et l’on détruisit soigneusement toute sa race. Il était naturel que les plus fidèles serviteurs du tyran partageassent sa destinée comme ils avaient partagé sa prospérité et ses crimes ; mais lorsque les Romains demandèrent à

  1. Zosime (l. II, p. 86-88), et les deux panégyriques, dont le premier fut prononcé peu de mois après, donnent l’idée la plus claire de cette grande bataille. Lactance, Eusèbe et même les Épitomes, fournissent quelques détails utiles.
  2. Zosime, l’ennemi de Constantin, convient (l. II, p. 88) qu’un petit nombre seulement des amis de Maxence furent mis à mort ; mais nous pouvons remarquer le passage expressif de Nazarius (Panegyr. vet., X, 6), omnibus qui labefactare statum ejus poterant cum stirpe deletis. L’autre orateur (Panegyr. vet., IX, 20, 21) se contente d’observer que Constantin, lorsqu’il entra dans Rome, n’imita point les cruels massacres de Cinna, de Marius ou de Sylla.