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Trésor des Goths.

Les cent bassins remplis d’or et de diamans que Placidie reçut le jour de la fête nuptiale, n’étaient qu’une très-petite partie des trésors de son mari, dont l’histoire des successeurs d’Adolphe offre quelques échantillons assez extraordinaires. On trouva dans leur palais de Narbonne, lorsque les Francs le pillèrent dans le sixième siècle, soixante gobelets ou calices, quinze patènes pour l’usage de la communion, vingt boîtes ou coffres pour conserver les saintes Écritures : tous ces objets étaient d’or massif, enrichis de pierres d’un grand prix. Le fils de Clovis distribua ces richesses sacrées[1] aux églises de ses états ; et sa pieuse libéralité semble inculper les Goths de quelque sacrilège. Leur conscience devait être plus tranquille sur la possession du fameux missorium, un plat d’une grandeur extraordinaire, d’or massif du poids de cinq cents livres, destiné au service de la table, d’une valeur inestimable par la main d’œuvre et les diamans dont il était incrusté, et par la tradition qui le faisait regarder comme un présent du patrice Ætius, offert à Torismond, roi des Goths. Un des successeurs de Torismond acheta

  1. Voyez dans la grande Collection des historiens de France, par dom Bouquet, t. II ; Grég. de Tours, l. III, c. 10, p. 191 ; Gesta regum Francorum, c. 23, p. 557. L’écrivain anonyme suppose, avec une ignorance digne de son siècle, que ces instrumens du culte des chrétiens avaient appartenu au temple de Salomon. Si cette expression a quelque sens, elle signifierait qu’ils ont été enlevés dans le sac de Rome.