Page:Gide - Œdipe, 1931.djvu/60

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Écoutant la leçon du passé, j’attendais d’hier seul mon ainsi-soit-il, ma dictée. Puis, soudain, le fil est rompu. Jailli de l’inconnu ; plus de passé, plus de modèle, rien sur quoi m’appuyer ; tout à créer, patrie, ancêtres… à inventer, à découvrir. Personne à qui ressembler que moi-même. Que m’importe, dès lors, si je suis ou Grec ou Lorrain ? Ô Créon ! si soumis, si conforme à tout, comment comprendrais-tu la beauté de cette exigence ? C’est un appel à la vaillance, que de ne connaître point ses parents.

CRÉON

Mais du moins pourquoi quitter Polybe, après qu’il t’avait rassuré ? Adopté par lui sans enfant, tu pouvais espérer de lui succéder sur le trône.