Page:Gide - Œdipe, 1931.djvu/59

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paître son troupeau, m’avait trouvé dans la montagne, pendu par un pied, comme un fruit, aux basses branches d’un arbuste (c’est pour ça que je boite un peu), nu, exposé au vent, à la pluie — comme un fruit d’amours clandestines, enfant non souhaité, compromettant…

CRÉON

Bâtard. Oui, je comprends : cela doit être bien pénible.

ŒDIPE

Oh ! parbleu, non ! Même il ne me déplaît pas de me savoir bâtard. Du temps que je me croyais fils de Polybe, je m’appliquais à singer ses vertus. Qu’avais-je en moi qui n’eût d’abord été dans mes pères ? me redisais-je.