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de biskra à touggourt

terre. J’avais besoin de la prétendre belle pour oser si passionnénient l’admirer. C’était le temps où volontiers encore je confondais art et nature. À présent, ce que j’aime de ce pays, je sens bien que c’est la hideur même, l’intempérie : ce qui contraint tout art à ne pas être… ou à se réfugier ailleurs.

Ici l’impuissance du peintre est probante ; et plaisante son obstination à ne le reconnaître point. Il faut savoir, dans le désert, se contenter de l’éducation, je veux dire de l’exaltation, qu’il propose, puis savoir s’y contreposer. Ce n’est rien d’autre, j’imagine, qu’un Monet dut aller y prendre. L’analyse de son métier, de son œil ; la connaissance la plus simple de chaque ton en soi, de ses rapports et de sa

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