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le renoncement au voyage

M’Silah.

Il y a huit ans, quand je voyais des Arabes prier, je me gênais encore pour ne pas passer entre eux et La Mecque ; je craignais que ça ne coupât le fil.

Ô jardins parfumés de M’Silah ! je vous eusse chantés plus tôt, si j’avais pu déjà vous connaître. L’eau courante de vos séghias roulait des tortues ivres… La branche frêle du grenadier ploie à porter des fruits si lourds… Un laurier-rose en fleurs ! approchons-nous.

Se peut-il que huit ans aient passé déjà depuis le soir où mon ami Athman, dans l’unique petit jardin de Kairouan, m’enseigna

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