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le renoncement au voyage

parmi l’effroyable quelconque de sa patiente banalisation, je chercherai, comme dans l’eau boueuse une paillette, de ses enchantements défunts les vestiges, de ses amours d’hier quelques délices attardées.

Hier au soir j’ai fait le tour des cafés maures de la ville sans parvenir à entendre chanter, si peu merveilleusement que ce fût, la guzla. C’est improprement que j’appelle ainsi cette tortue vidée, au ventre de peau sonore sur quoi deux cordes tendues viennent vibrer : Il faut dire guembr’ ou gnibri. Que peut Blida sans parfums et sans chants ? De ses jeunes amours ne reste t-il que la débauche ? — Pas une des gnibris, hier, n’avait ses cordes. Si l’enfant qui de café en café me guidait n’eût été beau, j’aurais

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