Page:Gide - Amyntas, 1906.djvu/191

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alger (blida)

pleuré. Déjà suffisait-il qu’il portât l’absurde nom d’Abd’el Kader.

On me servit, dans le premier café, de ce cuisant thé de gingembre qu’on dirait provenir d’un Orient trouble et malsain. Je voudrais, mais ne saurai, dire par quel charme le propre dénuement de ce lieu me retint. Pas d’images, d’affiches, de réclames aux murs ; des murs blancs ; non loin, la confuse rumeur, les cris de la rue des Ouled, à travers le mur entendus, faisalent paraître ici d’autant plus rare et voluptueux le silence ; aucun siège : des nattes ; sur les nattes trois jeunes Arabes couchés.

Que leur offrait donc ce réduit ? pour qu’ils préférassent ici, à l’amusement d’autres lieux, aux

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