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Page:Gide - Amyntas, 1906.djvu/192

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le renoncement au voyage

rires des femmes, aux danses, l’absence précisément de tout cela… un peu de kief. La pipette, dont chacun à son tour ne tirait que quelques bouffées, circulait. Je n’osai risquer d’en fumer, craignant non point l’ivresse mais la migraine ; cependant j’acceptai que, dans la cigarette que je roulai, Abd’el Kader mêlât un peu de ce kief au tabac. Et peut-être ce peu de fumée aida-t-elle à la réalité de mon bien-être. Ce bien-être était fait, non point de satisfaction des désirs, mais d’évanouissement du désir et de renoncement à tout. La porte qui donnait sur la rue fut fermée et les bruits du dehors s’écartèrent. Oh ! s’attarder ici… Voici l’heure… Abd’el Kader, penché vers moi, me montre, unique ornement du mur

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