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alger (blida)

celles ; on sentait végétalement, en approchant de l’eau, l’effort vers l’eau de cette succion imminente ; car sitôt en contact avec la terre humide ou l’eau, la racine, ayant atteint son but, fixée, aspirait pour l’arbre assoiffé le surcroît désiré de séve. Elle s’épaississait alors, formait tigelle, puis tronc nouveau ; l’arbre appuyait le poids de sa branche sur elle.

Je ne sais où placer dans ma phrase ce crapaud monstreux qui, s’aplatissant à fleur d’eau, bouchait une caverne de racine, noir et grenu comme elle ; je ne l’en distinguais d’abord pas : dès que ma canne le toucha il lui surgit de partout des pustules. Certainement sur cette eau tranquille il régnait. Ma canne le poussant, je vis son ventre

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