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le renoncement au voyage

Jardin d’Essai, mardi.

La noria, qu’un mulet tournait, alimente sans doute ce bassin carré cimenté que verdit une mousse abondante.

Au ras de la margelle affleurait une eau qui d’abord semblait noire et qu’on ne comprenait profonde et transparente que lorsqu’à son bord se penchant on distinguait au fond un tapis de fongosités sombres. Une ombre extraordinairement épaisse, pesante et taciturne tombait là de la voûte opaque, glacée, que faisait au-dessus d’elle un ficus. Son tronc distant lançait vers cette humidité ces branches. Et du milieu de chaque branche pendait quelque tignasse de radi-

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