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le renoncement au voyage

du marché. Un jardin public les prolonge ; l’air n’y est point nauséabond ; c’est l’air du large et qui passe à travers le jardin parfumé. Si tout ce que la ville a de débauché, de suspect, y circule, il y circule aussi tout ce qu’elle a de noble et de plaisant. Tout cela se frôle sans haine ; les plus pauvres se mêlent aux riches ; les jeunes aux vieux… tout se confond. Le plus timide enfant passe sans détourner les yeux près des filles ; le plus sage vieillard aussi.

Dans un café, retiré quelque peu, protégé des rumeurs de la rue, le même Arabe lit Antar, que j’écoutais déjà l’an passé. Quelques bancs à l’entrée ; sur le sol du café, des nattes. Là, tout un blanc peu-

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