Page:Gide - Amyntas, 1906.djvu/247

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biskra

ple attentif est couché. Parmi tant de douce blancheur, rien ne luit, tout se fond, se confond ; la lumière assoupie enveloppe tout sans accroc ; elle semble une eau souple au cours lent, eau sans reflet, sans déchirure. — Celui qui lit Antar est très beau ; sa voix prend des sonorités triomphales. Parfois, écartant de ses yeux le livre qu’une bougie éclaire, il explique et commente un vers. Quand il lit, il scande le vers d’une main ; l’autre main, tout contre la bougie, tient le livre. Parfois un rire secoue la foule, pareil à celui, j’imagine, qui sur l’Olympe secouait la table des dieux ; c’est un bon mot d’Antar, quelque éclatant fait d’armes d’un Arabe. Captifs, déchus, les écouteurs trouvent un soulas, un répit

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