Page:Gide - Amyntas, 1906.djvu/281

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biskra

doigts agiles sur le roseau sombre comme la nuit.

Lundi soir.

Tu ne reverras plus, me disais-je, en y trempant mes mains, tu ne reverras plus jamais, et la voici pourtant, cette fontaine, où dans la nuit tu viens t’asseoir.

Là coule une eau presque silencieuse où mes mains entrèrent sans bruit.

J’entends, autour, les bruits errants des choses… Je me souviens… J’y vins un soir au clair de lune. Des palmiers, dans la clarté bleue, ombreusement au-dessus de l’eau s’inclinaient…

Non jamais, jamais me redirai-je, cette eau tranquille — et qui pourtant, là-bas, encore…

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