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sation qu’un éveil. Surtout ils m’ont appris à ne plus douter de moi, à ne plus avoir peur de mes pensées et à me laisser mener par elles jusqu’à ces terres qui n’étaient pourtant pas inhabitables, puisqu’aussi bien je les y retrouvais.

Les influences dont on ne parle pas ; les plus fortes sont précisément les secrètes. Celle des femmes, du public, et de nos cadets. On échappe à l’une, à l’autre ; il est bien difficile, bien rare, d’échapper aux trois. On se laisse influencer par celle, ou par ceux, à qui l’on veut plaire, de qui l’on veut forcer la considération ou l’estime. L’artiste qui cherche le succès se laisse toujours influencer par le public ;

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