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Certains amis, à qui d’abord j’avais soumis ce livre, estiment que je m’y occupe trop des questions d’histoire naturelle — encore que je n’aie point tort, sans doute, de leur accorder tant d’importance ; mais, disent-ils, ces questions fatigueront et rebuteront les lecteurs. — Eh parbleu ! c’est bien ce que j’espère : je n’écris pas pour amuser et prétends décevoir dès le seuil ceux qui chercheront ici du plaisir, de l’art, de l’esprit ou quoi que ce soit d’autre enfin que l’expression la plus simple d’une pensée très sérieuse. —

Encore ceci :

Je ne crois nullement que le dernier mot de la sagesse soit de s’abandonner à la nature, et de laisser libre cours aux instincts ; mais je crois qu’avant de chercher à les réduire et domestiquer, il importe de les bien comprendre — car nombre des disharmonies dont nous avons à souffrir ne sont qu’apparentes et dues uniquement à des erreurs d’interprétation.

Nov. 1922.

    de sodomie. Et je vois bien aujourd’hui qu’un des grands défauts de mon livre est précisément de ne m’occuper point d’eux — qui se découvrent être beaucoup plus fréquents que je ne le croyais d’abord.

    Et mettons que, ceux-ci, la théorie de Hirschfeld les satisfasse. Cette théorie du « troisième sexe » ne saurait aucunement expliquer ce que l’on a coutume d’appeler « l’amour grec » : la pédérastie — qui ne comporte efféminement aucun, de part ni d’autre.