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Page:Gide - Isabelle.djvu/145

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ISABELLE

porte de communication, dont j’avais soigneusement tiré le verrou pour me mettre à l’abri d’une surprise, avait un peu fléchi, et je m’étais assuré qu’immédiatement sous le chambranle je pouvais glisser mon regard ; il me fallait, pour y atteindre, me jucher sur une commode que j’avais poussée tout auprès.

À présent passait par cette fente un peu de lumière qui, renvoyée par le plafond blanc, me permettait de me guider. Je retrouvai tout comme je l’avais laissé dans le jour. Je me hissai sur la commode, plongeai mes regards dans la chambre voisine…

Isabelle de Saint-Auréol était là.

Elle était devant moi, à quelques pas de moi… Elle était assise sur un de ces disgracieux sièges bas sans dossier, qu’on appelait je crois des " poufs ", dont la présence étonnait un peu dans cette chambre ancienne et que je ne me souvenais point d’y avoir vu lorsque j’étais entré porter des fleurs. Ma-