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ISABELLE

vaux se seraient reposés dans l’écurie d’une des fermes.

Je trouvai la grille du parc grande ouverte ; le sol de l’allée était abîmé par les charrois. Je m’attendais au plus affreux saccage et fus joyeusement surpris, à l’entrée, de reconnaître bourgeonnant le « hêtre à feuilles de pêcher », connaissance illustre ; je ne réfléchis pas que sans doute il ne devait la vie qu’à la médiocre qualité de son bois ; en avançant, je constatai que la hache avait déjà frappé les plus beaux arbres. Avant de m’enfoncer dans le parc, je voulus revoir le petit pavillon où j’avais découvert la lettre d’Isabelle ; mais, suppléant la serrure brisée, un cadenas maintenait la porte (j’appris ensuite que les bûcherons serraient dans ce pavillon des outils et des vêtements), je m’acheminai vers le château. L’allée que je suivais était droite, bordée de buissons bas ; elle ne donnait pas sur la façade, mais sur le côté des communs ; elle menait à la cuisine et, presque vis-à-vis de celle-ci, s’ouvrait la