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ISABELLE

J’insistai :

— Comment savais-tu qu’elle était là ?

Pas de réponse. Je repris :

— Dans le noir, comment as-tu pu voir qu’elle pleurait ?

— Oh ! j’ai senti.

— Tu ne lui as pas demandé de rester ?

— Oh ! si. Elle était penchée sur mon lit ; je la tenais par les cheveux…

— Et qu’est-ce qu’elle disait ?

— Elle riait ; elle disait que je la décoiffais ; mais qu’il fallait qu’elle s’en aille.

— Elle ne t’aime donc pas ?

— Oh ! si ; elle m’aime beaucoup, cria-t-il, brusquement écarté de moi et le visage empourpré plus encore, d’une voix si passionnée que je pris honte de ma question.

La voix de Madame Floche retentit au bas de l’escalier :

— Casimir ! Casimir ! va dire à Monsieur Lacase qu’il serait temps de s’apprêter. La voiture sera là dans une demi-heure.