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IX


Les quelques jours que nous vécûmes á Sorrente furent des jours souriants et très calmes. Avais-je jamais goûté tel repos, toi bonheur ? En goùterais-je pareil désormirais ?… J’étais près de Marceline sans cesse ; m’occupant moins de moi, je m’occupais plus d’elle et trouvais à causer avec elle la joie que je prenais les jours précédents à me taire.

Je pus être étonné d’abord de sentir que notre vie errante, où je prétendais me satisfaire pleinement, ne lui plaisait que comme un état provisoire ; mais tout aussitôt le désœuvrement de cette vie m’apparut ; j’acceptai qu’elle n’eût qu’un temps et pour la première fois, un désir de travail renaissant de