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Page:Gide - La Porte étroite, 1909.djvu/177

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la porte étroite

par l’espoir de te rejoindre que le sentier le plus ardu m’apparaîtra toujours le meilleur. » Qu’ajoutai-je qui pût la pousser à me répondre ceci :

« Mais, mon ami, la sainteté n’est pas un choix : c’est une obligation (Le mot était souligné trois fois dans sa lettre). Si tu es celui que J’ai cru, toi non plus tu ne pourras pas t’y soustraire. »

C’était tout. Je compris, pressentis plutôt, que là s’arrêterait notre correspondance, et que le conseil le plus retors, non plus que la volonté la plus sûre, n’y pourrait rien.

Je récrivis pourtant, longuement, tendrement. Après ma troisième lettre, je reçus ce billet :

« Mon ami,

Ne crois point que j’aie pris quelque résolution de ne plus t’écrire ; simplement je n’y ai plus de goût. Tes lettres cependant m’amusent encore,