Page:Gide - La Porte étroite, 1909.djvu/36

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II


Cet enseignement austère trouvait une âme préparée, naturellement dispose au devoir, et que l’exemple de mon père et de ma mère, joint à la discipline puritaine à laquelle ils avaient soumis les premiers élans de mon cœur, achevait d’incliner vers ce que j’entendais appeler : la vertu. Il m’était aussi naturel de me contraindre qu’à d’autres de s’abandonner, et cette rigueur à laquelle on m’asservissait, loin de me rebuter, me flattait. Je quêtais de l’avenir non tant le bonheur, que l’effort infini pour l’atteindre, et déjà confondais bonheur et vertu. Sans doute, comme un enfant de quatorze ans, je restais encore indécis, disponible ; mais bientôt mon