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la porte étroite

Au moment de ma prière du soir, j’eus des remords de mon indiscrétion involontaire, et me promis de m’en accuser à ma cousine. Peut-être que cette fois la curiosité d’en savoir un peu plus s’y mêlait.

Aux premiers mots que je lui dis le lendemain :

— Mais Jérôme, c’est très mal d’écouter ainsi. Tu devais nous avertir ou t’en aller.

— Je t’assure que je n’écoutais pas… que j’entendais sans le vouloir… Puis vous ne faisiez que passer.

— Nous marchions lentement.

— Oui, mais je n’entendais qu’à peine. J’ai cessé de vous entendre aussitôt… Dis, que t’a répondu mon oncle quand tu lui as demandé ce qu’il fallait pour réussir ?

— Jérôme, dit-elle en riant, tu l’as parfaitement entendu ! Tu t’amuses à me le faire redire.

— Je t’assure que je n’ai entendu que le commencement… quand il parlait de confiance et d’amour.