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Page:Gide - La Porte étroite, 1909.djvu/45

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la porte étroite

— Mais c’est toi qui me montres la route.

— Pourquoi veux-tu chercher un autre guide que le Christ ?… Crois-tu que nous soyons jamais plus près l’un de l’autre que lorsque, chacun de nous deux oubliant l’autre, nous prions Dieu ?

— Oui, de nous réunir, interrompis-je ; c’est ce que je lui demande chaque matin et chaque soir.

— Est-ce que tu ne comprends pas ce que peut être la communion en Dieu ?

— Je le comprends de tout mon cœur : c’est se retrouver éperdument dans une même chose adorée. Il me semble que c’est précisément pour te retrouver que j’adore ce que je sais que tu adores aussi.

— Ton adoration n’est point pure.

— Ne m’en demande pas trop. Je ferais fi du ciel si je ne devais pas t’y retrouver.

Elle mit un doigt sur ses lèvres et un peu solennellement :

« Recherchez premièrement le royaume de Dieu et sa justice. »