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la porte étroite

Adieu ! vive clarté de nos étés trop courts !

— Eh quoi ! tu les connais ? m’écriai-je extrêmement surpris. Je croyais que tu n’aimais pas les vers…

— Pourquoi donc ? Est-ce parce que tu ne m’en récites pas ? dit-elle en riant, mais un peu contrainte… Par moments tu sembles me croire complètement stupide.

— On peut être très intelligent et n’aimer pas les vers. Jamais je ne t’en ai entendu dire ou tu ne m’as demandé d’en réciter.

— Parce qu’Alissa s’en charge… Elle se tut quelques instants, puis brusquement :

— C’est après-demain que tu pars ?

— Il le faut bien.

— Qu’est-ce que tu vas faire cet hiver ?

— Ma première année de Normale.

— Quand penses-tu épouser Alissa ?

— Pas avant mon service militaire. Pas même avant de savoir un peu mieux ce que je veux faire ensuite.

— Tu ne le sais donc pas encore ?