pas songé un instant que les paroles de Juliette, que j’avais si mal écoutées et dont je me souvenais si mal, Alissa les avait peut-être mieux entendues. N’importe ! égaré par mon inquiétude, épouvanté à l’idée qu’Alissa pût douter de moi, et n’imaginant pas d’autre péril, je me résolus, malgré ce que j’en avais pu dire à Juliette, et peut-être impressionné parce qu’elle m’en avait dit, je me résolus à vaincre mes scrupules, mon appréhension et à me fiancer le lendemain.
C’était la veille de mon départ. Je pouvais attribuer à cela sa tristesse. Il me parut qu’elle m’évitait. Le jour passait sans que j’eusse pu la rencontrer seule ; la crainte de devoir partir avant de lui avoir parlé me poussa jusque dans sa chambre peu de temps avant le dîner ; elle mettait un collier de corail et pour l’attacher levait les bras et se penchait, tournant le dos à la porte et regardant par-dessus son épaule, dans un miroir entre deux flambeaux allumés. C’est dans le miroir qu’elle me vit