Page:Gide - La Tentative amoureuse, ou le Traité du vain désir.djvu/36

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
ANDRE GIDE

rire sans vice et sans mélancolie ! Puis, que nous fait l’amour des autres, l’amour qui leur fait le bonheur. — Tant pis pour eux, Luc et Rachel s’aimèrent ; pour l’unité de mon récit, ils ne firent même rien d’autre ; ils ne connurent de l’ennui que celui même du bonheur. — La cueillaison des fleurs était leur occupation monotone. Ils n’écartaient pas le désir pour une poursuite plus lointaine, et goûtaient peu les langueurs de l’attente. Ils ignoraient ce geste qui repousse cela même qu’on voudrait étreindre, — comme nous faisions, ah ! Madame — par la crainte de posséder et par amour du pathétique. — Ils cueillaient aussitôt toute fleur désirable, sans souci qu’entre