Page:Gide - La Tentative amoureuse, ou le Traité du vain désir.djvu/37

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ANDRE GIDE

leurs mains tièdes, elle ne fût trop vite fanée. — Heureux ceux qui comme eux pourront aimer sans conscience ! Ils en étaient à peine fatigués ; — car ce n’est pas tant l’amour, et ce n’est pas tant le péché que de s’en repentir, qui fatigue. Donc ils avaient pris cette coutume de regarder bien peu sur les eaux du passé leurs actions flottantes ; et leur joie à eux leur venait de l’ignorance de la tristesse : ils ne se souvenaient que de baisers et de prises qu’on peut refaire. Il y eut alors un instant où leurs vies vraiment se fondirent. C’était au solstice d’Été ; dans l’air tout bleu, les hautes branches au-dessus d’eux avaient des gracilités souveraines.