Page:Gide - La Tentative amoureuse, ou le Traité du vain désir.djvu/41

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ANDRE GIDE

et pencha la tête contre son épaule, sentant confusément en lui l’angoisse et la soif d’aventures. Ils restaient debout. Le soleil s’en allait, s’enfonçait au delà du golfe, après le détroit, où l’on voyait entre les promontoires fuir au loin la ligne infinie de la mer.

Et, tandis que le soleil plongeait, alors, en face d’eux, comme sur une île, les grilles du parc inconnu, recevant les rayons mourants, commencèrent à briller d’une manière inexplicable et presque surnaturelle : du moins il le leur parut à ceci qu’ils ne se dirent rien l’un à l’autre. Chaque barreau, plutôt d’acier que d’or, semblait luire de lui-même, intimement, ou à cause d’une excessive polissure ; le