Page:Gide - La Tentative amoureuse, ou le Traité du vain désir.djvu/40

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ANDRE GIDE

redescendirent la valleuse ; ils s’assirent devant la mer. Les flots d’une récente tempête avaient amené sur la grève des coquilles des profondeurs, des épaves et des lambeaux d’algue arrachés ; les vagues encore gonflées étourdissaient par une clameur continue. Et Rachel soudain eut une inquiétude : elle sentit que Luc commençait à penser. Un vent plus froid soufflait ; un frisson les saisit ; ils se levèrent. — Luc marcha devant, trop vite, un peu déclamatoire ; une poutre était là, déchiquetée et noire, pilotis inconnu, fragment de bateau, bois des Îles… et tous deux devant cela s’arrêtèrent. Après, Luc regarda la mer ; Rachel, par besoin, par instinct, s’appuya sur Luc