Page:Gide - Le Journal des Faux-monnayeurs 1926.djvu/11

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sente et m’enseigne la vie. Si touffu que je souhaite ce livre, je ne puis songer à tout y faire entrer. Et c’est pourtant ce désir qui m'embarrasse encore. Je suis comme un musicien qui cherche à juxtaposer et imbriquer, à la manière de César Franck, un motif d’andante et un motif d'allegro.

Je crois qu'il y a matière à deux livres et je commence ce carnet pour tâcher d'en démêler les éléments de tonalité trop différente.


Le roman des deux sœurs. L’aînée qui épouse, contre le gré de ses parents (elle se fait enlever) un être vain, sans valeur, mais d'assez de vernis pour séduire la famille après avoir séduit la jeune fille. Celle-ci, cependant, tandis que la famille lui donne raison et fait amende honorable, reconnaissant dans le gendre des