Page:Gide - Le Journal des Faux-monnayeurs 1926.djvu/12

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

tas de vertus dont il n’a que l'apparence, celle-ci découvre peu à peu la médiocrité foncière de cet être auquel elle a lié sa vie. Elle cache aux yeux de tous le mépris et le dégoût qu’elle éprouve, prend à cœur et tient à honneur de faire briller son mari, de couvrir son insuffisance, de rénarer ses m£ladresses, de sorte qu'elle est seule à connaître sur quel néant repose son « bonheur ». Partout on cite ce ménage comme un ménage modèle, et le jour où, excédée, elle voudra se séparer de ce fantoche, vivre à part, c’est à elle que tout le monde donnera tort. (La question des enfants à étudier à part).

J'ai noté ailleurs (cahier gris) le cas du séducteur — qui finit par être captif de l’acte qu'il a résolu d'accomplir — et dont il a épuisé par avance et en imagination tout l'attrait.