Page:Gide - Le Journal des Faux-monnayeurs 1926.djvu/141

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dites du moins ; mais vous avez l’amour du drame…

— J’ai l’amour de la vie. Si je recherche le péril, c’est avec la confiance, la certitude que j’en triompherai. Quant au péché… ce qui m’attire en lui… oh ! non, ne croyez pas que ce soit ce raffinement qui faisait dire à l’Italienne, du sorbet qu’elle dégustait : « Peccato che non sia un peccato ». Non, c’est peut-être d’abord le mépris, la haine, l’horreur de tout ce que j’appelais vertu dans ma jeunesse ; c’est aussi que… comment vous dire… il n’y a pas bien longtemps que je l’ai compris… c’est que j’ai le diable dans mon jeu.

— Je n’ai jamais pu comprendre, je vous l’avoue, l’intérêt qu’il y avait à croire au péché, à l’enfer ou aux diableries.

— Permettez ; permettez ; mais moi non plus, je n’y crois pas, au diable ; seule-

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