Page:Gide - Le Journal des Faux-monnayeurs 1926.djvu/38

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toutes les ombres en dépendent. Chaque figure repose et s'appuie sur son ombre.

Admettre qu’un personnage qui s’en va puisse n'être vu que de dos.

Il me faut, pour écrire bien ce livre, me persuader que c’est le seul roman et dernier livre que j’écrirai. J'y veux tout verser sans réserve.

Si la « cristallisation » dont parle Stendhal est subite, c’est le lent travail contraire de décristallisation, le pathétique ; à étudier. Quand le temps, l’âge, dérobe à l'amour, un à un, tous ses points d'appui et le force à se réfugier dans je ne sais quelle adoration mystique, autel où l’on accroche en ex-voto tous les souvenirs du passé : son sourire, sa démarche, sa voix, les attributs de sa beauté.