Page:Gide - Le Journal des Faux-monnayeurs 1926.djvu/64

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la porte était restée ouverte, elle s’écroula littéralement, et j'eus le plus grand mal à la retenir, m’accotant moi-même au chambranle. Puis, dans un grand effort, je la hissai, la maintins sur les marches, descendant avec elle, tandis que, sur le quai, la tante, descendue avant nous, la recevait dans ses bras.

— Voilà dix-huit mois qu’elle est ainsi, me dit la tante lorsque je l’eus rejointe. Si ça n’est pas malheureux! une jeune fille de dix-sept ans!... Il n’y a pas de vraie paralysie; non; simplement une paralysie nerveuse.

— Sans doute y a-t-il eu des causes morales ?... demandai-je un peu indiscrètement.

— Oui ; c’est après une peur qu’elle a eue, une nuit qu’elle couchait dans la chambre des enfants de mon frère.

Je compris que cette brave femme n’au-