Page:Gide - Le Journal des Faux-monnayeurs 1926.djvu/98

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sa cause. Les premiers temps, il souffrait encore de certaine distance qu'il sentait entre ses pensées et ses paroles; je veux dire que ses paroles, ses déclarations devant des camarades de son bord, étaient souvent en avance sur ses pensées; mais il a eu soin de mettre au pas celles-ci. A présent, il croit vraiment ce qu'il affirme, et n'a même plus besoin d'ajouter, comme il faisait d'abord : « sincèrement » après chacune de ses déclarations.

Bernard cause avec lui, à la suite de son bachot. Il était sur le point de revenir à son père. La conversation qu'il a avec son frère bien-pensant le reprécipite dans la révolte.


Le mauvais romancier construit ses personnages; il les dirige et les fait parler. Le vrai romancier les écoute et les regarde agir; il les entend parler dès avant que