Page:Gide - Le Voyage d’Urien, Paludes.djvu/160

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

de Tityre n'est rien; nos vues, je vous assure, Angèle, sont encore bien plus ternes et médiocres.

- Mais moi je ne trouve pas, dit Angèle.

- C'est parce que vous n'y songez pas. Voilà justement le sujet de mon livre; Tityre n'est pas mécontent de sa vie; il trouve du plaisir à contempler les marécages; un changement de temps les varie; - mais regardez-vous donc! regardez votre histoire! est-elle assez peu variée! Depuis combien de temps habitez-vous cette chambre? - Petits loyers! petits loyers! - et vous n'êtes pas la seule! des fenêtres sur la rue, sur les cours; devant soi l'on regarde des murs ou d'autres gens qui vous regardent... Mais est-ce que je vais à présent vous faire honte de vos robes - et croyezvous vraiment que nous ayons su nous aimer?

- Neuf heures, dit-elle; ce soir Hubert fait sa lecture, et permettez-moi d'y aller.

- Que lit-il? demandai-je malgré moi.

- Soyez sûr que ce n'est pas Paludes! » - Elle partit.