Page:Gide - Le Voyage d’Urien, Paludes.djvu/184

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

Il est né veuf; - ce sont chaque jour les mêmes pis-aller lamentables, les substituts de toutes les choses meilleures. - Et maintenant n'en pensez pas de mal, - il est extrêmement vertueux. D'ailleurs il se trouve heureux.

- Mais quoi! vous sanglotez? dit Angèle.

- Ne faites pas attention - c'est nerveux. - Angèle, chère amie, - ne trouvez-vous pas à la fin que notre vie manque de réelle aventure?

- Qu'y faire? - reprit-elle doucement - voulez-vous que tous deux nous partions pour un petit voyage? - Tenez - samedi - n'avez-vous rien à faire?

- Mais vous n'y songez pas, Angèle, - après-demain!

- Pourquoi pas? Nous partirions de bon matin ensemble; vous auriez dîné chez moi la veille - avec Hubert; vous resteriez à coucher près de moi... Et maintenant, adieu, dit Angèle; je m'en vais dormir; il est tard et vous m'avez un peu fatiguée. - La bonne a préparé votre chambre.

- Non, je ne resterai pas, chère amie, -