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Page:Gide - Le Voyage d’Urien, Paludes.djvu/32

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I


Nuit sur mer ; ― nous avons causé de nos destinées. Nuit pure ; l’Orion vogue entre des îles ; ― la lune éclaire des falaises ; ― des récifs bleus se sont montrés ; le veilleur les a signalés ; le veilleur a signalé des dauphins ; ils jouaient au clair de lune ; près des récifs ils ont plongé pour ne plus reparaître ; les roches bleues luisent faiblement sous les flots. Des méduses illuminées montent s’épanouir à l’air nocturne, lentement de la mer profonde, fleurs des mers remuées par les flots. Les étoiles rêvent. Nous, penchés à l’avant du navire, près des cordages et sur les flots, tournant le dos aux équipages, aux compagnons, à tout ce qui se fait, nous regardons les flots, les constellations et les îles. ― Nous regardons passer les îles, disent les