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Page:Gide - Le Voyage d’Urien, Paludes.djvu/37

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très plates sans cette végétation luxuriante et magnifique qu’elles portaient : elles étaient à l’avant légèrement escarpées, récifs de madrépores, gris comme des pierres volcaniques, où les racines se dénudaient : à l’arrière flottaient comme des chevelures, racines par la mer rougies. Des arbres d’essences inconnues, des arbres bizarres pliaient sous les lourdes lianes, et des orchidées maladives mêlaient leurs fleurs à ces feuillages. C’étaient des jardins sur la mer ; des vols d’insectes les suivaient : du pollen traînait sur les vagues. — Les impénétrables taillis nous forcèrent de marcher tout au bord des rives, et souvent, lorsque des branches se penchaient vers l’eau, de se glisser sous elles, en rampant, en s’accrochant aux racines et aux lianes. — Nous avons voulu rester quelque temps à l’arrière, à regarder les insectes énormes voler, mais les parfums étouffants qui montaient de toute l’île et que le vent rabattait vers nous, les parfums qui déjà nous troublaient de vertige, nous eussent je crois fait mourir. Ils étaient si denses qu’on en voyait la poussière aromale tournoyer. — Nous avons regagné l’autre