Page:Gide - Le Voyage d’Urien, Paludes.djvu/38

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bord : des ibis et des flamants roses qui dormaient se sont envolés. Nous nous sommes assis sur un rocher de madrépores ; le vent du large écartait de nous les parfums.

L’île devait être peu épaisse, car au-dessous d’elle, dans la mer profonde, après l’ombre qu’elle faisait, on revoyait de la lumière. Et nous avons pensé que chacune d’elles s’était détachée ainsi qu’un fruit mûri, de sa tige : — et quand plus rien ne les a retenues, profondément au roc natal, alors, comme des actions non sincères, elles ont été au hasard des dérives, emportées par tous les courants.

Le cinquième jour, à notre regret, nous les avons perdues de vue.