Page:Gide - Les Nourritures terrestres.djvu/102

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Où sont, Nathanaël, dans nos voyages
De nouveaux fruits pour nous donner d’autres désirs ?


*


Il y en a que nous mangerons sur des terrasses.
Devant la mer et devant le soleil couchant.
Il y en a que l’on confit dans de la glace
Sucrée avec un peu de liqueur dedans.

Il y en a que l’on cueille sur les arbres
De jardins réservés, enclos de murs,
Et que l’on mange à l’ombre dans la saison tropicale.

On disposera de petites tables —
Les fruits tomberont tout autour de nous
Dès qu’on agitera les branches
Où les mouches engourdies se réveilleront.
Les fruits tombés, on les recueillera dans des jattes
Et leur parfum déjà suffirait à nous charmer…

Il y en a dont l’écorce tache les lèvres
Et que l’on ne mange que lorsqu’on a très soif.
Nous les avons trouvés le long des routes sablonneuses ;
Ils brillaient à travers le feuillage épineux
Qui déchira nos mains lorsque nous voulûmes les prendre ; —
Et notre soif n’en fut pas beaucoup étanchée.