Page:Gide - Les Nourritures terrestres.djvu/32

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.


 

Obscurs sont les vallons
Et hautes les collines
Triste enceinte de rameaux
Couverte de ronces, —
Séjour sans joie. » [1]

Le sentiment d’une plénitude de vie, possible, mais non encore obtenue se laissait parfois percevoir, puis revenait après, puis de plus en plus obsédante. Ah ! qu’une baie de jour s’ouvre enfin, criais-je — qu’elle éclate au milieu de ces perpétuelles représailles !

Il semblait que tout mon être eût comme un immense besoin de se retremper dans le neuf. J’attendais une seconde puberté… Ah ! refaire à mes yeux une vision neuve, — les laver de la salissure des livres, les rendre plus pareils à l’azur qu’ils regardent — aujourd’hui complètement clarifié par les récentes pluies……

Je tombai malade ; je voyageai, je rencontrai Ménalque, et ma convalescence délicieuse me fut

  1. The Exiles song — cité et traduit par Taine. Littérature Anglaise, I, 30.